Comme des oiseaux migrateurs, des Congolais partent des villages pour la ville. Nombreux quittent la ville pour l’Europe, à la recherche de leur bonheur. Du bien-être de leur famille. Donc, de la prospérité de leur Congo qu’ils clament aimer avant tout. La fascination pour la France et l’Europe, à travers le cliché positif ventilé par les médias justifie leur exode mais la diaspora congolaise peut-elle contribuer à accompagner les efforts de développement du Congo ? 

A priori, il serait ambitieux et prétentieux de fournir des réponses exhaustives à cette interrogation, si ce n’est tenter tout au moins d’ouvrir quelques pistes de réflexions. Pourtant, de plus en plus quelques indicateurs incitent à l’optimisme quant à l’apport indéniable et multiforme de ces congolais de l’étranger dans le décollage de leur pays d’origine dans tous les secteurs de la vie nationale. 

Sur le plan économique 

L’apport de la diaspora congolaise au développement du Congo n’est pas négligeable. Les flux financiers des membres de cette diaspora représentent une chance aussi bien pour les agences de transferts des pays du nord du monde que pour le Congo. Les taxes et impôts prélevés auprès des agences de transferts exerçant en terre congolaise permettent à l’état congolais de renflouer ses caisses. Sans se substituer aux politiques de développement et à la coopération internationale, ces transferts de fonds apportent une contribution non négligeable à la lutte contre la pauvreté. Non seulement, parce qu’ils sont affectés à des dépenses primaires entre autres : alimentation, logement, vêtement, mais aussi parce qu’ils génèrent à travers des projets de développement locaux et la création d’entreprises, des impacts positifs sur le long terme. 

Afin de maximaliser l’impact de ces transferts de fonds, il conviendrait de mettre en place une politique articulée autour de  l’adoption des politiques et mesures visant la réduction des coût d’envois d’argent des membres de la diaspora vers le Congo ; l’encouragement des collectivités locales et des établissements bancaires à faciliter l’affectation de l’épargne des migrants à des projets locaux de développement ;​ l’appui à l’action à la promotion des projets utilisant les transferts de fonds ; la mise en place des circuits financiers fiables pour la collecte de l’épargne de la diaspora et sa valorisation dans le Congo.

Cependant, les Congolais de l’étranger ne sont pas les meilleurs élèves, parce qu’ils sont encore très peu nombreux à investir dans la création des PME, des start-ups ou dans les coopératives comme on le voit en Afrique de l’ouest, par exemple. Le Sénégal apparait comme un pays mieux structuré dans la matière. Pendant qu’au Sénégal par exemple, la diaspora est la première source de financement à hauteur 900 milliards de francs CFA par an, au Congo, en l’absence des statistiques, les spécialistes révèlent que l’impact de la diaspora est presque nul. 

Sur le plan social

Emportés par le vent de l’Occident, ces Congolais qui quittent leur pays à la quête d’une vie meilleure, peu importe la raison, sont animés par l’envie d’une vie meilleure à celle que leur offre leurs conditions ou leur pays. Au départ, il n’y a que des bonnes intentions. D’aucuns réussissent. Mais ce sont les moins nombreux. Incapable d’assumer son échec pendant que toute la famille attend de lui le grand lot, celui qui échoue, se créé des artifices pour demeurer en France. Il se forge une identité rebelle. Il dénigre sur les réseaux sociaux, le pays et ses dirigeant sur qui il rejette la responsabilité de son échec. Le Sénégal, pour ne parler que de lui donne un bel exemple dans la mesure le président Macky Sall, lors d’une rencontre avec des sénégalais à Madagascar en 2016, a félicité la diaspora de son pays qui contribue beaucoup à inverser la balance de paiement du pays. Il se félicitait de ce que « le pays a une situation économique plutôt stable. Cela est rendu possible grâce à la forte contribution financière de la diaspora. Le montant des transferts annuels des émigrés sénégalais vers le pays fait le double de l’aide publique internationale ». Si dans l’ensemble, les diasporas africaines garantissent la stabilité économique et sociale du continent, grâce à leurs contributions financières importantes, celle du Congo laisse à désirer, malgré le fait que le pays s’est doté d’un cadre institutionnel pour ses citoyens de l’étranger. A la forme classique du ministère des affaires étrangères, a été ajouté le département des Congolais de l’étranger.  L’apport économique, politique, culturel de la diaspora du Congo est tellement minime, sinon inexistant qu’il ne peut être chiffré.​ 

Le bel exemple : culture et sport

Fort heureusement, tous les congolais de l’étranger ne sont pas logés à la même enseigne. Nombreux sont ceux-là qui brillent par l’exemple. Non seulement ils se conduisent bien dans leurs pays d’accueil, mais aussi et surtout ils excellent dans leur métier. Les exemples sont légion. Dans le domaine musical, Passi est le premier Congolais à battre le record de disque d’or en termes de temps, pour avoir décroché un disque d’or en 3 semaines, après la sortie de son tout premier album intitulé « tentations ». Dans le domaine du sport, Franck Elemba est le premier congolais lanceur de poids sacré doublement champion de France en 2016 et 2017. Que dire de Joe Wilfrid Nsonga, Gerald Passi, Anaclet Wamba, feu Aurlus Mabelé… Tout ce beau monde diffuse une image positive ; fait la fierté du Congo à l’extérieur. Ils méritent reconnaissance.

Le prix des échecs et la facture de la paresse

Ces Congolais choisissent d’aller dans les pays où ils croient avoir plus de chance. La Banque Européenne d’Investissement établit à l’échelle planétaire les sommes transférées par les diasporas dans leurs pays d’origine en 2004 et 2005 s´élèvent respectivement à 120 milliards et 149,5 milliards d’Euros. Le Fonds international pour le développement agricole (FIDA), l’agence des Nations Unies qui s’occupe de la pauvreté rurale, les travailleurs africains envoient plus de 40 milliards de dollars américains vers leur pays d’origine chaque année. Les sommes envoyées par les diasporas constituent pour certains pays receveurs une source importante de revenu et dépassent parfois les montants des aides publiques au développement (APD). Cette contribution atteindrait 20 à 25 % du PIB dans certains pays. C’est le cas respectivement du Cap-Vert et du Liban qui détiennent ainsi le record mondial. Le Congo ne figure pas.

Promouvoir le rayonnement du Congo à l’étranger

Le Congo a connu de profondes mutations ces dernières années. Cependant, le discours sur le Congo semble décalé par rapport à ces nouveaux caps. Il continue d’être dominé par les clichés misérabilistes ventilés par des compatriotes de l’étranger qui passent le clair de leur temps à invectiver, à violenter et à vandaliser prétextant agir pour décrier et dénoncer la situation critique du pays alors qu’ils sont complètement déconnectés de la réalité. 

Corriger les clichés.​ 

Ils peuvent pourtant corriger cette tendance avilissant l’image du pays en faisant l’écho de ce qui se passe réellement sur le terrain. La réhabilitation de l’image du Congo n’est pas sans importance. Et, une stratégie de la diaspora dans ce domaine pourrait être construite autour de l’encouragement de l’émergence d’une industrie culturelle congolaise, le développement d’outils de communications (NTIC) portés par des membres de la diaspora, ​​​​ des programmes de sensibilisation par l’instauration d’un mois du Congo à l’étranger, la préservation de la mémoire congolaise à travers une politique d’appui des travaux de recherche et de publication,…

Un peuple qui perd le combat pour la préservation de sa mémoire condamne son avenir. Cette tâche implique également la prise en compte de la réalité vécue par les nouvelles générations. Les jeunes issus de la diaspora auront un lien moins direct avec le Congo que la génération de leurs parents. D’où l’absolue urgence d’envisager pour eux, des programmes de formation et de sensibilisation à l’histoire et aux enjeux congolais, afin de garder vivant le lien ombilical​​​​ ; d’encourager toute initiative favorisant la constitution de la diaspora en une force de réflexion, de proposition et d’influence en faveur du développement du Congo.​​​​​​​ 

Certains membres de la diaspora vivent parfois dans une double absence. Coupés de leur patrie, ils ne sont pas pour autant intégrés et citoyens à part entière dans les pays d’accueil. Le défi à relever aujourd’hui est celui de la transformation de cette double absence en double présence. Le Congo a besoin non seulement d’une diaspora active au pays, mais également bien intégrée à l’étranger et ayant la capacité d’influencer positivement les politiques congolaises des pays hôtes.​ 

Ce qui trahit la charte de l’Union africaine selon laquelle, la diaspora désigne les personnes d’un même pays d’origine, vivant hors de leur pays, qui sont désireuses de contribuer à son développement et à la construction du continent. 

La diaspora est avant tout un programme de l’Union Africaine. À l’instar de celle des autres pays, celle du Congo devrait participer activement au rayonnement du Congo. Question d’apporter son expertise et accompagner le dynamisme du développement national.

Ernest Blanchard DIMI

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